Catalogue

AU FIL DES PAGES

Au temps du livre païen (rouleau de papyrus ou de parchemin) le codex bénéficie de la promotion des premiers chrétiens. Ce livre constitué de pages reliées permet la naissance du marque-page. Au IVe siècle dans ses Confessions saint Augustin donne, sans y attacher d'importance, les caractéristiques de la pratique moderne de la lecture, et le marque-page fait son apparition : « Je pris le livre : je l’ouvris, et dans le premier endroit que je rencontrai, je lus tout bas ces paroles sur lesquelles d’abord je jetai les yeux […] Puis ayant marqué cet endroit du livre avec le doigt ou je ne sais quelle autre marque, je le fermai […]»

Les bibliothécaires ne trouvent que très rarement des doigts entre les pages, heureusement. Mais il est courant de découvrir dans nos collections toutes sortes de choses, bien curieuses ou touchantes. Petit florilège :

Araignée de Bibliothèque

Lettre au Père Noël

Hostie sacerdotale

Carte à jouer XVIIIe siècle

Tresses de cheveux

Photographie

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DECOUVRIR UN LIVRE

Panégyrique de la Glorieuse Vierge, mère de Dieu. Dedié à la Reyne. Par le Sieur Royon Prestre. / Royon . - Bordeaux : Jacques Mongiron-Millanges, 1660. - 1 vol. ([11] f.-228 p.) ; 19 cm. Cote : R20032

Le Panégyrique de la Glorieuse Vierge est l’œuvre d’un prêtre probablement bordelais du nom de Royon. Son identité se cantonne à cela, c’est un illustre inconnu qui a publié au moins deux autres livres « La Justice triomphante, sous les règnes de Louys le Juste et Louis XIV », et « Sermons sur les mystères de la vie et mort de Nostre Seigneur ». Notre ouvrage publié à Bordeaux en 1660 se trouve être assez rare, on n’en connaît qu’un autre exemplaire conservé à la Bibliothèque municipale de ladite ville d’Aquitaine.

L’œuvre de l’abbé Royon est un panégyrique -un discours élogieux- en l’honneur de la Très-Sainte Vierge. Sujet pieux et commun pour un ecclésiastique, mais, choix à mettre en rapport avec l’essor du culte marial suite aux guerres de religions en France. La présente édition est dédicacée « à la Reyne », l’usage d’un tel paratexte est courant depuis la Renaissance, la dédicace « est l’expression des espoirs et aspirations des auteurs et des imprimeurs, […] pour attirer des acheteurs et la faveur des lecteurs » comme le rappelle l’historienne Ann Blair. Honorer un dédicataire était une façon de lui quémander une récompense sonnante et trébuchante également. Une autre raison à cette dédicace peut se lier au mariage célébré à Saint-Jean-de-Luz en juin 1660 : celui de Louis XIV et Marie-Thérèse d’Autriche, fille du roi d’Espagne. Le couple royal et toute la cour séjournent dans la région, l’abbé Royon prévenu du futur mariage a peut-être trouvé judicieux d’honorer ainsi Leurs Majestés. En ont-Elles alors besoin ? Il faut dire que la terre girondine réserve aux futurs mariés quelques secousses. La nuit du 21 juin 1660 la Bigorre se met à trembler, de Bagnères à Campan et d’Argelès-Gazost à Luz-Saint-Sauveur. Les dégâts sont terribles, un capucin de passage à l’ermitage de Médoux raconte : « notre couvent ne sauroit jamais se remettre en l’estat qu’il estoit. Il a esté sy fort esbanlé que les maitresses murailles qui estoient fort large et toutes basties de pierre de taille ont esté fondues...Les chambres du dortoir presque toutes abattues... A la bibliothèque où j’étois, le couvent fut secoué avec une telle violence qu’il me sembloit que toutes les murailles et toutes les charpentes estoient suspendues en l’air et toutes prestes à tomber...Nous mesmes sommes contrainctz de coucher au milieu du jardin... ». L’histoire ne dit pas si Louis XIV et Marie-Thérèse passèrent leur séjour de Nuit de noces au jardin…

Notre édition de ce curieux ouvrage est un petit codex dont la couverture est faite d’une reliure de simple vélin, un peu plus grand qu’un livre de poche il a manifestement parcouru quelques distances dans le temps et l’espace. Sur les rayonnages des Carmes déchaussés de Clermont abrités dans l’abbaye de Chantoin au XVIIe siècle, on le retrouve ensuite dans la bibliothèque de la maison clermontoise des Missionnaires diocésains au début du XXe siècle ; pour aboutir enfin dans les vastes collections de la Bibliothèque diocésaine de Clermont.

J.-L. Royon, bénévole

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Histoire généalogique de la Maison d'Auvergne : Justifiée par Chartes, Titres, Histoires anciennes, & autres preuves authentiques. Tome premier [et second] / Baluze, Étienne . - Paris : Antoine Dezallier, 1708. 2 vol. 16 gravures dépliables dans le tome 1. ; 40 cm.  Cote : 20/1502-1503

Notre Histoire généalogique de la Maison d'Auvergne : d’Etienne Baluze est publiée en 1708 en deux grands volumes. C’est le Cardinal de Bouillon, opposé au roi, qui commande à Baluze cette étude pour se justifier d’une généalogie prestigieuse. L’authenticité des sources mise en cause, la polémique naît avant même sa parution. Baluze, pris dans un jeu politique, est contraint par Louis XIV de quitter sa chaire au Collège de France et à l’exil.

Au contre-plat supérieur, une succession de trois ex-libris surcollés est surmontée d’un quatrième.  Au centre : un grand ex-libris caché par des armoiries attribuées à la Maison de Béthune, datées de la 1ère moitié du XVIIIe siècle. Sur le second tome celles- ci sont couvertes par un écu à trois gerbes liées de la fin XVIIIe siècle, semblant correspondre à la famille de Brosse. Les deux volumes portent l’ex-libris du Grand Séminaire de Montferrand datant de la 1ère moitié du XIXe. Quatre bibliothèques distinctes sont donc représentées, ces marques d’appartenance retracent les voyages et l’histoire de ces volumes.

L’ex-libris, manuscrit, estampillé ou imprimé et collé, est utilisé pour lier un livre à sa collection et son propriétaire, bibliothèque ou personne physique, et pour permettre au livre perdu ou emprunté de revenir sur son rayon. Ici les armoiries sont anonymes, sans devise, l’identification est incertaine. Pour ces volumes éloignés des questions de prêt ; apposer des armoiries témoigne de la volonté ancienne mais toujours bien présente sous Louis XIV : marquer la possession.  Louis-Antoine Caraccioli écrit en 1759 que les ouvrages « livrent par leurs reliures, comme un valet par sa livrée, son propriétaire ». Pratique répandue, parfois au détriment du livre, un nouveau propriétaire peut rayer le nom de son prédécesseur, le caviarder, ou à l’extrême le découper ou arracher une page. Ici les supposés familles de Béthune, puis de Brosse ont choisis de rendre illisibles, par collage, les traces d’anciennes provenances. D’autres propriétaires comme le Grand séminaire laissent visible l’histoire des volumes en les conservant.

Un possesseur, par son ex-libris, cherche à s’inscrire dans le temps. Il ajoute par le livre une dimension pérenne de sa mémoire, et personnelle d’un attachement sentimental. Par ce caractère unique, les ex-libris sont aujourd’hui collectionnés, atteignant un statut d’œuvre d’art. Plus connus pour leurs graveurs, que pour les illustres inconnus qu’ils désignent. Sebald Beham, l’un des premiers graveurs d’ex-libris du XVIe siècle, un peu moqueur, qualifiait ses clients de « Seigneurs par la grâce de Dieu on ne sait de quel endroit et demeurant au village proche ». Malgré la volonté de transmission des possesseurs, ne reste aujourd’hui qu’une part infime des ex-libris du passé. Parmi ceux-ci, beaucoup sont devenus illisibles ou non-identifiables. Chaque jour des ex-libris sont apposés par les bibliophiles et amateurs, héritiers de cette volonté. Qu’en restera-t-il, et qu’en fera-t-on dans 300 ans ?

V. Montagnon, stagiaire

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QUELQUES FONDS DE LA BIBLIOTHEQUE

En 1980 la Bibliothèque diocésaine offre au public le contenu de la bibliothèque du Grand Séminaire tout juste fermé : des collections encyclopédiques (sciences religieuses, théologiques, philosophiques mais aussi les sciences pures, la géographie, l’histoire, l’art et les Belles-Lettres), pour former une culture solide aux séminaristes. A côté des livres modernes, un fonds ancien subsite sur les rayons, une infime partie provient des bibliothèques successives du séminaire, le reste atteste de lieux variés, de congrégations ou communautés aujourd’hui disparues comme les bénédictins de Saint-Alyre, le monastère de Saint-Austremoine d’Issoire, l’oratoire d’Effiat ou de Clermont, les carmes déchaux, les grandmontains de Thiers…

La paroisse d’Ambert :

Ce fonds arrive à la Bibliothèque avant 1995, nous avons perdu la date précise. Collection d’environ 1500 titres, livres de 1561 à 1977, conservés par la paroisse d’Ambert. Le fonds intéresse en particulier la mémoire du bienheureux (en espérance) Père François Gaschon (1732-1815), missionnaire du diocèse de Clermont, prêtre réfractaire, dont le tombeau se trouve à la chapelle de l’Hôpital d’Ambert, les Sœurs ayant eu le désir de garder très tôt le souvenir et le témoignage de leur premier Aumônier. Il se trouve peut-être dans ce fonds, des livres ayant servis au missionnaire.

La Mission diocésaine :

Il s’agit de la bibliothèque de la dernière Maison de Clermont (8 rue Grégoire de Tours) des missionnaires diocésains fermée en 1974. Elle était la dernière de l’œuvre des Missions diocésaines d’Auvergne fondée en 1659 par Mgr Louis d’Estaing et grâce à son fondateur messire Regnauld de Nouy, recteur de l’église de Sainte-Marie au désert (plus connue sous l’appellation « chapelle de N.D. de l’Hermitage », paroisse de Noirétable) suivi par onze prêtres.

2174 titres : livres et quelques numéros de périodiques du XVI au XXème ; le fonds comprend des études religieuses, de la littérature religieuse et profane, un fonds ancien à priori encore en accroissement au début du XXème siècle, ainsi qu’un fonds régionaliste important. Mis en dépôt, par convention, à la Ville de Clermont (BCIU), le fonds est rendu à la Bibliothèque diocésaine en 2003.

L’ancien évêché :

La Bibliothèque de l’ancien évêché rue Pascal à Clermont, après la vente de celui-ci, est déposée à Richelieu vers 2007, environ 900 titres sont conservés, datant du XVIIe au XIXème siècle. Ces livres sont ceux d’une « bibliothèque officielle et d’apparat » : grands textes religieux, collections des Pères et des orateurs sacrés, livres anciens et de nombreux livres reçus de leurs auteurs, principalement régionaux, ecclésiastiques ou non.

 

Le fonds de Saint-Alyre :

La Communauté des Ursulines de Clermont-Ferrand, dites de Saint-Alyre, déposent en 2005 à la Bibliothèque un fonds d’environ 4000 livres, une partie de leur ancienne collection, datant du XVIe au XXIème siècle (la moitié du fonds a été éditée après 1900). Le dépôt devient don, par une convention signée en 2017 au profit de la Bibliothèque diocésaine.

 

Le fonds Fayolle :

En 2018 nous est proposée la bibliothèque de l’abbé Joseph Théodore Fayolle (1818-1896), alors curé de Brassac, après un siècle de confinement dans un grenier issoirien. Accompagnés d’un portrait (huile sur toile) on trouve 140 titres édités entre 1634 et 1893, couvrant divers sujets : Ecritures saintes, écrits spirituels, conférences, discours et sermons, Belles-Lettres et quelques livres de sciences et techniques. Il est rare d’acquérir des bibliothèques complètes, surtout anciennes qui puissent être conservées intégralement. Leur étude dit beaucoup des propriétaires, de leurs siècles. L’histoire familiale curieuse des Fayolle : on trouve sur une édition clermontoise des Instructions et prières, l’ex-libris « Emma Bravard ».  La sœur de l’abbé, a épousée un dénommé Pierre Joseph dit Auguste Bravard. Ce beau-frère, ingénieur des Mines, franc-maçon, propagandiste socialiste et naturaliste réputé est poussé à l’exil après le coup d’Etat de 1851. Son épouse et lui s’expatrient alors en Argentine. Auguste meurt en 1861 dans le tremblement de terre qui détruit Mendoza.

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